DÉDALE
Parcours des Arts Contemporains en Milieu Urbain
Huy, du samedi 10 septembre au dimanche 9 octobre 2016 dans les bistrots
Les petites villes de province n’échappent pas à la règle : si quelque chose comme l’âme ou l’esprit d’une communauté peuvent exister, si sa grande histoire et ses petites anecdotes peuvent y cohabiter, ses rires et ses larmes se confondre, le meilleur et le pire des idées s’échanger, c’est bien là, au bistrot. En ces temps où se réaffirment des particularismes, des communautarismes agressifs, des méfiances vis-à-vis de l’autre teintées d’intolérance, le café reste le lieu d’une relative neutralité culturelle et sociale, d’une mixité possible, le foyer d’ouvertures à alimenter.
En choisissant les bistrots comme sujet principal, cette édition de Dédale, qui défend des valeurs citoyennes, provoque la rencontre entre les clients ou les habitués de ces lieux et les oeuvres. Les artistes donneront une autre dimension à l’espace en y proposant la découverte d’une création plastique originale, tantôt sur base de récits ou d’histoires, tant sur celle d’une architecture…
De la gare à la rue Neuve, de la rive gauche à la rive droite, jusqu’aux abords de Marchin, la biennale Dédale s’approche cette fois au plus près de nos habitudes quotidiennes. Les cafés sont en effet des lieux de rencontre et d’échanges (abordés dans les photos anciennes de Jacky Lecouturier ou dans celles, toutes récentes, de Vinciane Hannotte), des lieux de hasard et des jeux, de la fortune (approchés par Lola Reynaerts à travers les bingos, et par quatre artistes qui ont composé un jeu de cartes inédit, aux apparences faussement classiques : Marc Brunier-Mestas, Billie Mertens, Benjamin Monti et Daniel Nadaud), des lieux de nostalgie et de réactivation de la mémoire (le travail de Christophe Piette à partir d’un juke-box fait se croiser rengaines fanées, enjeux historiques et découverte des peuples). En résidence à l’Hôtel du Fort, Florence Cats et Joseph Charroy croquent et chroniquent, à travers dessins, peintures et photographies, l’âme du vieux Huy et les visiteurs du lieu, les tenanciers et quelques tenaces et sympathiques fantômes. Le plasticien Philippe Luyten, enfin, intervient pour sa part directement, à travers une installation, sur l’univers familier et l’apparence d’un bistrot Le vieux Huy. Autant de manières, apéritives plutôt qu’exhaustives, de souligner le côté bien vivant et bon-vivant des cafés de la ville, d’y ajouter quelques couches de lecture, des pistes d’interprétation et d’appropriation.
JACKY LECOUTURIER
L'Expression
C’est lorsqu’il était étudiant au début des années 70 que Jacky Lecouturier a photographié une série de bistrots à travers la Belgique. Empreintes d’une atmosphère d’époque, ces grandes images en noir et blanc exposées au café L’Expression dévoilent des couples dansant sur des musiques populaires dans le quartier des Marolles de Bruxelles.
De ce photographe bien connu dans la région et au-delà, peintre des petits bonheurs du quotidien et des grandeurs insoupçonnées du paysage condrusien, ce travail sur les bistrots montre une autre facette : plus proche et plus directe, mais toujours guidée par la même chaleur humaine et la même qualité de présence.