Un peu de légèreté

du 12 Avril au 4 Mai 2024 du jeudi au samedi de 14h30 à 18h30

Vernissage en présence de l'artiste le jeudi 11 Avril de 17h à 20h

Quai4 Galerie
Quai Chruchill 4 – 4020 Liège
www.quai4.be

Traces de proximité / Sporen van nabijheid

Brigitte Closset
Jacky Lecouturier
Jean-Pierre Ransonnet
Charles-Henry Sommelette
Guy Vandeloise

Peintures — Dessins — Photographies

Sublim Interieur
et le Centre Culturel de Marchin
vous invitent à cette exposition qui se tient

du 6 octobre au 30 novembre 2019

Sublim Interieur
Kerkstraat, 27 — 9160 Lokeren

En Piste !

La Boverie

Liège

Ensuite... Jacky Lecouturier

du 9 Novembre au 1 Décembre 2018
Vernissage le jeudi 8 Novembre de 17h à 20h

Quai4 Galerie
Quai Chruchill 4 – 4020 Liège
www.quai4.be

Cabinet de curiosités

Chez Jacky tu ventres par la table, tu ne rentres pas par la porte.
Il y a le Jacky-cru, la vie plein la vue. Jacky se hâte bouchon discret au fil de l’eau.
Jacky couds, cloue, taille, tire, tire ses images à l’eau de vie. Jacky maraude. Chasseur de papillons. Jacky tiré à 4 épingles. Tu trouves ta place dans ses images, tu peux y boire. Jacky ressemble clairement à ses images, dedans, dehors.

A gauche de l’entrée, en lettre magnétiques sur la dalle de chauffage :
“Le mollusque a une immense envie de sourire“.

Il y a le Jacky cuit qui travaille du mortier, pilonne, tonne, mitonne, malaxe, trousse la cocotte. Jacky boulets.
Après casse-croûte, on plonge dans ses boîtes à images: automne tardif, congères en meringue, du fer sur la neige. La terre se défile. Les chemins creusent. Les mers se platent, envol de méduses. Les nuages se noient, dégorgent. Les animaux s’encourent, bouffent, pètent dans les corbeilles. Les corbeaux furettent, les corneilles s’embaillent. Il faut savoir que si l’on met sa boîte à l’oreille, on entend les remugles des saisons, subtile haleine d’humus. Tout ça existe précisémment.

A gauche de l’entrée, en lettre magnétiques sur la dalle de chauffage :
”il faut que j’aille me promener”.

On suit Jacky derrière la pluie, à la trace, souliers crottés, la tête en l’air. Un ami lunaire lui amène un champignon blanc comme un crâne. Jacky le tranche, fricasse. On le mastiquachouille à l’ombre des portraits de famille. Visite guidée : Françoise fumée aux grandes lunettes, Emily noisette-Joconde; à l’envers sauce grimaces, ses lardons, Norma&Félix, Mathieu morveux, tondu. Au plafond le grand squelette d’un plancton argenté et tout un bazar de trucs accrochés à l’épingle de tapissier, flingues, ciflards, avions, tire-bouchons…
L’appareil en proche, Jacky travaille. Jacky fait des ronds en ricochets, des cercles purs. Partit petit, il étreint fertile. Jacky épingle ce qui donne des ailes. Au centre de se travail cadencé il y a la gravité dans la cavité du regard. L’eau de ses yeux abreuve les berges, baignent les simples, bercent fille, fleurs, garçon.

A gauche de l’entrée, en lettre magnétiques : “rose je t’adore“.

Jacky détaille, discret, cadre en taille douce, le noyer sous la neige, l’épiderme givrés du potager. Microsillons transis. Bleu, l’éventration de carrières. Après les catarrhes de verglas le printemps se pointe enfin. Jacky grave quotidien, la vie par le ténu. Françoise bouquine. Le vent passe le chas des haies, ébouriffe la gueule du chat, les orges, caresse les mômes. La brise trousse les poules, ébranle l’armoire à tomates, pousse les nuages qui déjà en ébullition se débordent comme lait bouilli. Voie lactée, preuve du ciel. Condensation. Prairies de paresse au dessus de l’air.

A gauche de l’entrée, magnétiques : “les cheveux touchent la piscine“.

Au cœur du monde de acky un soleil d’ombre, au mur une cannette de sang, les poumons galvanisés de Scouflaire, accrochés par ses soins, un petit Jésus cornu, la jambe de bois de Dederen ou sa colonne vertébrale.
Au cœur du monde c’est le vide, c’est bleu, ça tourne, il y a du monde. Au dessus de la maison de Jacky et Françoise, il y a ce pré, face à la chambre des enfants. Les corneilles y fouinent. Le pissenlit perd la tête, le coquelicot s’éventre. Les génisses moites y ruminent, admirable buée, jambes en l’air, le merle blanc chante sous la neige.
Alors Jacky ouvre la fenêtre nourrit les mésanges, Jacky carbure à l’essence ordinaire.

Hugues de Wurstemberger

 

« Nous ne quitterons pas cette île de rêve. Sans jeter un dernier regard » chantait Bashung ; l’île de rêve de Jacky Lecouturier, se trouve tant dans le Condroz qu’en Corse ou encore en Islande... Chaque lieu devient pour lui un havre sur lequel porter son regard et qu’il prend le temps de photographier.

Saisir les plaisirs de la matière, la propagation de la lumière, la variété des couleurs. Apprécier ce qui l’entoure pour ce qu’il est, pour ce qu’il offre, revenir à l’essentiel, et l’apprécier comme tel. Sublimer l’éclat des choses simples.

Les paysages de Jacky Lecouturier sont des instants de vie que l’on ne voit pas, que l’on devine quelques fois et qui sont là, en filigrane. C’est ce pommier dont les fruits serviront à préparer un dessert partagé avec des amis, c’est un voyage réalisé avec un fils, ce sont des lieux de promenades qui auront été bénéfiques les jours tristes, c’est un premier matin frisquet où le givre s’est déposé de manière énigmatique, ce sont des vacances à deux.

Des fragments de vies, des instants fugaces, dans lesquels il nous parle tant de lui que de ce qui l’entoure avec une pudeur et une délicatesse qui lui sont propres et qui sont également omniprésentes dans son autoportrait à la moustache teinté d’humour. Les portraits sont d’ailleurs rares dans cette nouvelle série, trois seulement, Françoise et les deux petits-enfants, d’une douce simplicité eux aussi. La famille, l’essentiel à nouveau. Et se cantonner à le photographier avec légèreté et justesse est sans aucun doute l’une des plus grandes qualités du travail de Jacky Lecouturier.

Adeline Rossion